19 septembre 2013

Exposition de fin de résidence





COMMUNIQUE DE PRESSE 


Chassés croisés et pas perdus 
« Chassés croisés et pas perdus » est la prochaine exposition de Maïa Jancovici, artiste plasticienne diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris. L’exposition sera visible à partir du 19 septembre 2013 à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif. La série d’oeuvres présentée a été réalisée au cours des sept mois de résidence de l’artiste, installée au coeur d'une unité de soin Alzheimer. Cette expérience sera partagée lors de la journée mondiale Alzheimer du 20 septembre 2013. 

Le contexte 
L’exposition de Maïa Jancovici est l’aboutissement d’un travail mené en résidence au sein d’une unité fermée de soin Alzheimer. Pendant sept mois, l’artiste, soutenue par diverses institutions et notamment par le Conseil Général (bourse d’aide individuelle à la création), a installé son atelier à l’hôpital Paul Brousse où elle a mené son projet avec et autour des patients atteints de cette maladie. 
“La maladie transforme considérablement le rapport à l’espace et à ses usages, au corps, et à l’intégrité. Elle enferme le patient hors du lien social, hors de lui-même et de sa propre mémoire, et l’exclut du rapport au monde. L’enfermement protège, prend soin, mais proscrit, contraint.”  (Notes de travail, M. Jancovici) 
Installée au coeur de l’unité Alzheimer, Maïa Jancovici a créé une série d’oeuvres dessinées sur la question du territoire et de ses singularités. 
La quotidienneté de sa présence et ses temps d’ateliers de dessin-peinture avec les patients lui ont permis de participer à l’amélioration du quotidien de ces personnes hospitalisées, de leurs familles et de l'équipe médicale. En faisant progresser leur autonomie et leur expression personnelle, le travail de l’artiste a permis de revaloriser ces personnes, souvent mises à l’écart. 
Les nombreux bénéfices largement reconnus par les équipes hospitalières, participent à la nécessaire évolution du regard sur les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Cette expérience sera partagée lors des tables rondes organisées à l’hôpital Paul Brousse dans le cadre de la journée mondiale Alzheimer. 

Le travail de l’artiste 
Maïa Jancovici est artiste plasticienne, diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Son travail engage le spectateur dans sa relation à l’espace environnant autour des questions de territoire et d' appropriation, avec poésie et humanité. 
Le travail en situation est inhérent à sa pratique. S'installer au coeur du lieu lui permet de l'appréhender sensiblement et de définir par le biais de l'oeuvre un territoire en mettant à jour ce qu’il a peut-être d’essentiel. Indissociable des problématiques fondatrices et récurrentes de sa recherche, la question de l’enfermement parcourt son travail. Elle a donné lieu à de nombreux projets en milieu pénitentiaire tels que : « Double Sens » à la Maison d’arrêt de Fresnes. 
A l’hôpital Paul Brousse, Maïa Jancovici s'est installée au coeur d'une unité Alzheimer afin de s'inscrire dans son quotidien et de travailler au plus proche des patients. 
Continuant sa recherche sur les questions de territoire, elle a ici souligné la singularité du lieu et de ses habitants. Dans ce contexte où le corps est, de par la maladie et l'hospitalisation, contraint, le questionnement est directement ancré dans la physicalité du lieu. 
Au fil des mois, une re-connaissance s'est faite, des liens se sont tissés. Au fil des couloirs arpentés et des déambulations partagées, des lignes sont tracées, des postures sont saisies, des bribes de conversation sont notées, hautes en couleur et en étrangeté. L’oeuvre finale se veut hors du sentimentalisme et s’inscrit dans une démarche épurée, comme pour fixer avec clarté, l’esquisse, toujours revisitée, de cet environnement épars. 
Les oeuvres de l’artiste seront exposées à l’ancienne pharmacie de l’hôpital. Celles des patients au Forum du pôle gériatrie. Des textes, vidéos et dessins illustrant avec poésie le quotidien des patients sont également en accès sur le blog du projet : http://territoires-a-compter.blogspot.fr/. 

Ateliers de dessin avec les patients 
L’artiste n’a pas travaillé sur la maladie mais avec les personnes et sur leur espace de vie, au sein d’une unité de soin fermée. Elle a privilégié la relation avec les patients et s’est immergée dans leur quotidien afin de les impliquer dans un processus créatif, en lien avec les soignants et les familles. Les bénéfices sont certains et visibles pour tous. Et le travail de l'artiste comme les dessins réalisés en atelier commun reflètent bien les bienfaits des ateliers. 
Dialogues en ateliers : 
M – « Je suis contente d’être là avec vous » 
Mr Draper – « Moi aussi, c’est exactement ce qu’il me fallait, le dessin. » 
Irène – Moi, ça me tranquillise (…) 
Plus tard, Irène entre seule à l’atelier. 
« Ah…quand je rentre ici, j’ai l’impression d’ôter ma vieille peau en plastique, et de respirer enfin. » 
Grâce à cette approche, sensible, elle a pu voir apparaître la personnalité de chacun. Les oeuvres, empreintes d’émotions discrètes, parlent d’eux. 



INFORMATIONS PRATIQUES 
« Chassés croisés et pas perdus » 
Hôpital Paul Brousse, 12 Avenue Paul Vaillant Couturier, 94800 Villejuif 

Vernissage le 19 septembre 2013 à partir de 18 heures. 
Ancienne pharmacie, bâtiment Galien, porte 56. 
Exposition du 20 septembre au 20 octobre 2013, de 10 heures à 18 heures et sur rendez-vous.  

Journée mondiale Alzheimer : 20 septembre 2013. 
Colloque - tables rondes “Comprendre et aider“, Hôpital Paul Brousse. 


18 septembre 2013


Extraits  des oeuvres de Maïa Jancovici présentées à l'exposition Chassés croisés et pas perdus du 19 septembre 2013 à l'Hôpital Paul-Brousse:


Face(s) - Série de 12 dessins - impression sur papier et crayon de couleur - 21 x 29,7 cm












Chassés croisés- Série de 15 dessins - crayon de couleur - 21 x 29,7 cm


La mort du petit cheval - 24 juin 2013


A forte voix - 8 décembre 2012

Travail d'équipe - 20 juin 2013


Histoire de chaussettes - Jackie en amour I - 17 décembre 2012


Les travaux des patients réalisés avec l'artiste et présentés dans une exposition parallèle au forum de l'hôpital sont visibles dans les articles précédents de ce blog. 

L'ensemble des textes du journal tenu au long de la résidence ont été repris et rassemblés dans une publication “ Pas perdus" disponible auprès de l'artiste et de l'hôpital.

28 juin 2013

FIN


Ce matin, Irène qui m'appelle l'artiste de puis quelques jours, me nomme par mon prénom !! Cela fait d'elle la seconde à le faire, après Tina- Fanny.


Dernier jour. Il a bien fallu plier bagage et dire au revoir. Leitmotiv devenu présage. Tous ensemble, nous souhaitons mon retour.

En attendant,
La boucle est bouclée, dernier atelier collectif en salle manger, et dernière réunion -gourmande- en salle d'activité... Tout comme au premier jour.
Notre mur de dessin redevenu tout bleu a semé la tristesse. Alors comme promis à V. , je le recouvre d'une fresque collective colorée.
Attablés à 10, la feuille tendue sur les tables,  nous avons collé mes dernières silhouettes, chacun a pris son temps, et choisit ses couleurs.
Une façon comme une autre de faire le deuil ensemble ...

25 juin 2013

Dessins de juin


Tina- Fanny


Tina- Fanny



Tina- Fanny


Filippo


Cocotte

24 juin 2013

Bruits de couloir


Olivia et Tiphanie “allègent le bazar“ chez monsieur Zébulon.

Ca se bouscule après le déjeuner. Madame Crasq essaie de filer à l'anglaise. Monsieur Draper ne réussit pas à se frayer un passage. Il est bloqué “je peux rester avec vous ?“
“Si on tue quelqu'un, c'est la mort du petit cheval, vraiment“ dit Irène.
Tiphanie les bras croisés observe tout ce petit monde avec le sourire.

Les regards circulent, il fait lourd. La musique classique de Monsieur Zébulon ne berce personne.
Madame Crasq est rattrapée par C. la psychomotricienne. Celle-ci veut lui montrer ses terribles hématomes : “en tournant, il y a une glace au bout, venez avec moi“. Peine perdue.

Je poursuis mon dessin, une ligne colorée par personne. Aujourd'hui Monsieur Draper circule en pointillé. 
“Toi, tu fais ton petit truc pour toi, c'est bien. Mais c'est mieux quand on fait pour tout le monde.“ me dit fortement Irène.

Une heure après, nous sommes main dans la main.
Irène “ - tu es la personne la plus captivante.
M - On se comprend toutes les deux.
Irène - Oui, ça passe le temps. Les cargos en haut, ils vont arriver parce qu'il y en a qui arrivent dans les chocolats.“


Olivia et Paul partent arpenter...cahin caha.


14 juin 2013

Questions - réponses


La conscience de la mort, de la disparition.
Devenus autres.
Destins communs.

10 juin 2013

Suzon


Hier Madame Hautey, ma Suzon, me visite.
Toute sourire, elle me reconnait bien elle aussi. Elle le dit même à son mari.
Elle embrasse mon grand dessin avec précaution. Je lui montre la photo de ce moment volé, elle ne se reconnait pas, je lui demande si elle y voit un peu sa mère ?
" Ah non maman, c'est l'oiseau rare. Comme j'étais pas amoureuse, fanfareuse, ça me fait du bien." 

29 mai 2013

Lilas est sens dessus-dessous.


Lilas est partie il y a deux jours en long séjour au 4ème. Je vais la chercher aujourd'hui pour lui proposer le dessin. Elle m'accueille avec autant de joie que d'habitude, et accepte immédiatement de descendre dessiner avec moi. Elle est tout à la fois comme d'antan droite et digne, et fortement confuse , délaissée...
Arrivée dans les couloirs, elle contient à peine son énervement peut être par le retour – arrière- à l'unité VH, mais que d'étonnant à cela?
Sitôt la porte de l'atelier franchie, elle s'apaise et notre complicité protégée est retrouvée.
Elle semble avoir beaucoup perdu de ses capacités*. Dans sa bouche, les mots se mêlent, échangés. Un peu comme madame Hautey. La blonde suit la brune.
Elle fredonne pour parler aux oiseaux du dehors, et semble converser avec eux...
Elle dit avoir " beaucoup de plaisir à être ici", manie le pinceau trempé dans le doré. Elle se réjouit avec moi de cette séduisante couleur. Elle contemple longuement la peinture sur le pinceau; en amas, "surtout ça tu vois j'aime bien“. Elle tapote le pinceau avec soin, tourne, caresse, toute au plaisir du geste, si sensuel et déterminé – chez elle; et cette fois éternel. Elle commente tous ses gestes. " Ohlala, qu'est-ce qu'on entend, des pétales, des pétales, c'est très joli." Parle-t-elle des pétales sur sa feuille ou des bruits du dehors? Tout s'entremêle mais dans son sourire.
"L - Ce qu'il ya de plus terrible, c'est que ça (ce travail, ces dessins), ça ne se voit pas. Après ça donne moins de valeur.
M - Oui, je suis d'accord. Mais ce qu'il faut en retenir, c'est la beauté de l'instant.
L- Et je suis très contente de pouvoir le prendre. C'est vraiment tout à fait ce qu'il me faut. Cela me plaît beaucoup."
Et elle me nomme Séraphine.

Il n'y a de sa part aucune forme de résistance à peindre cette fois.
Elle est dans la contemplation et le plaisir partagé.
Elle réfléchit avant de continuer, de poser touche et couleur suivante. Elle réfléchit vraiment.
On chuchote, on murmure, pour ne pas sortir de cet état de grâce.
Elle me parle de fleurs et du printemps, je lui propose du vert. Et un titre se dessine, “ fleurs d'ailleurs", “la fleur d'or" (entendre la fleur dort). En renversant le dessin, fleur tête en bas, lilas réussit à lui faire des tiges.D'un point vert à un autre, une prairie, un feuillage se forme.
Les yeux de Lilas se ferment et donnent raison à son titre...

“La fleur dort“- Lilas



Lilas


*Je revois lilas à plusieurs reprises le mois qui suit, elle me semblera alors beaucoup mieux; fidèle à celle que j'ai connu, avec toutes ses capacités. Sans doute ses déficiences notées le 29 mai, étaient elles dûes au “déménagement“, nouveau lieux, nouveaux visages, nouveaux soignants...

22 mai 2013

Mine de rien


Monsieur Zébulon  s’acharne à faire nettoyer ses lunettes, pleines de buée. Une fois, deux fois, douze fois, vingt fois ... La patience infinie d'I. et A. 
Monsieur Didot qui vient et regarde le mur comme s'il était couvert de neige au dehors.

On peut tous parler espagnol.

Tina-Fanny “ Je suis née le 9 septembre 1933, tu sais où ? A Casablanca, c’est beau.“

PLus tard, M à Tina-Fanny : 
M - “Vous savez, Tina-Fanny, vous êtes la championne. Vous êtes venue à l’atelier 13 fois.
T-F - Je pourrai revenir encore ? 
M - Bien sûr 
T-F - Je vous offrirai un beau bouquet de fleurs “
Et elle part aussitôt … Ramenée par F, elle se réinstalle, mine de rien.



Le mystère est résolu. C'est Filippo qui a arraché ses dessins.




18 mai 2013

Blonde et brune


Blonde et brune - main dans la main