24 décembre 2012

Piège


Dessin avec Lilas, mme Janine D, et mme Ri qui part furieuse de ce piège que je semble lui avoir tendu: une simple feuille de papier.


Fantin Latour


Mme D (Janine) replonge dans ses souvenirs. Et dessine un nuage d'orage.

20 décembre 2012

Premier accrochage - Noël

Marnie


Lilas


Gustave 


Mr Eko


Maguie Roc


Irène


Marco D

sans oublier les fleurs de Sonia B.

18 décembre 2012

Empathie



Mr Eko me tient longuement compagnie dans l'atelier pendant ma pause déjeuner.
Il regarde les livres de peinture.
Et s'endort profondément alors que je dessine.

Gustave fait pipi dans le couloir, juste devant ma porte.

Aujourd'hui ils viennent tous me voir à l'atelier, ça commence à fonctionner.

L'environnement humain perturbe le travail, m'en distrait. L'empathie et le contact font partie du lieu et du “contrat“, sinon à quoi bon ? Ils sont essentiels à la constitution du projet ; je ne travaille pas sur eux mais avec eux, et pour eux.
Et puis j'ai toujours aimé les petits vieux.

17 décembre 2012

Characters

La parole se libère progressivement avec moi.

Discussion au détour d'un couloir avec Marnie, aux yeux qui pétillent. Adorable. Elle distribue les petits gâteaux confectionnés par sa fille.
Y'en a beaucoup qui tirent sur les machins et hop.....Paf ! C'est pas bien ça, hein quand même.“ -sans doute à propos des patients qui tirent sans arrêt sur les sonnettes des chambres.
Et vous ça va ?“ s'enquiert-elle ensuite.
J'aime pas les gens qui veulent tout avoir pour eux“ “ alors nous on restait là“ en m'invitant à la retrouver plus tard..

La présence des familles semble mettre leurs aînés en état d'éveil. De ces visites, certains ressortent lumineux, parlant et agissant. Pour d'autres, le départ marque une chute et les laissent perdus, inquiets, de retour dans un monde inconnu. L'un et son contraire, toujours violent quoiqu'il en soit.
Coup de dé, fatalité ou caractère... ?

Mr Ey discute encore un long moment avec Madame Ail devant sa porte. Conciliabule, chuchotements, regards suspicieux de sa comparse. De leurs murmures un complot philosophique émerge.

Je recoud le bouton de pull de Lilas ; nous discutons de promesses, et de motifs.

Maguie est toute chamboulée par une visite chez le coiffeur. Les changements brusques d'environnement lui font toujours un effet brutal m'explique t-on. Au bord de l'évanouissement, elle est escortée par madame S (Jackie) jusque dans sa chambre. Celle-ci toute fière de sauver sa “chérie“, lui propose de lui faire du magnétisme. Elles vont et viennent, jusqu'au clash... Jackie nous démontre sa poigne, me fait mal puis meurtrie Maguie qui lui écrase le doigt à son tour. Une goutte de sang perle (sans doute du dextro pratiqué peu de temps avant) Jackie hurle, Maguie répond. Insultes, clash. Chacune repart à ses affaires.

Belle séance d'atelier avec mesdames Sonia B, Janine D, et Jackie S.
Sonia qui pense n'être capable de rien, et en tremble presque. Elle regarde un vase, ses fleurs, et le croque en cherchant mon approbation mais avec aisance.
Mme D me raconte son enfance à Grenoble, les visites au musée avec son père le dimanche. Les couchers de soleil sur la montagne au retour de l'école, Fantin Latour, et sa passion pour le piano abandonnée pour son devoir de mère de famille.
Jackie est sauvée par le gong, appelée pour une visite médicale avant d'avoir pu commencé.



Sonia B

13 décembre 2012













Jeu de rôle



Mr Ey à pas lents, et gracieux. “Ça va toujours“me répond-il en souriant.
Jean D qui n'a pas d'argent, blague.
Rose bouquine sur le banc de square au fond du couloir.

Tout le monde dort, même Jackie et Marnie.

Habitudes de Mmes B (Sonia) et Bn, décidément toujours à la même place.

Mme Riss traverse l'espace, pas à sa place, fuyant les fantômes, un livre à la main. Elle retourne dans sa chambre.

Mr Hart tourne dans la salle à manger. Je dessine son parcours avec application. Il est gentil Gustave, il me rappelle un grand père que je n'ai pas connu.
Qu'est ce qu'il faut que je fasse ?.. Je ne sais pas... N'ayez pas peur ( à mon attention).. Si je m'arrête..“
Je suis ratatiné“. Les bras croisés, “ et ben ça y est... Si seulement je savais ce que je fais.“
Vous avez entendu ?“ La main passée sous son pull, il touche son cœur :“Ça cogne“.

Miguel chante et les réveille tous. “ c'est harmonieux“ dit Mme Br,
« Ça va pas merde ! S'ils veulent gueuler, n'ont qu'à aller au marché !“ - Maguie.
Jackie, réveillée, ébouriffée, se dirige vers le couloir “Je vais aller me reposer, je suis fatiguée.“

Quand elle revient, je joue mon rôle. Avec le délice d'une petite fille qui joue à la marchande :
- Bonjour mademoiselle, je suis madame S...
- Bonjour Mme S... je suis Maïa.
- Ah oui, c'est joli, comme ça je sais. On m'a dit que c'était l'heure du déjeuner. Vous pouvez m'indiquer le restaurant ?
- Oui, c'est juste là.
- Ah très bien. Je peux y aller ?
- Je vous en prie
- Merci beaucoup. “

Maguie savoure son jus de fruit, “ça pénètre bien la poitrine.“

Eko est à la fenêtre, au bout du petit couloir. Silhouette en position. Poète.
Clac clac font les talons de Jackie.
Et Lilas a perdu son avant dernier bouton de pull. Elle me le confie. On s'entend bien toutes les deux. Vraiment.

Le calme règne pour l'équipe. Avant le rush du déjeuner.

.
Discussion avec C.R. , la psychologue.

Miguel chante - en portugais - les tréfonds de l'âme.

Bonne avancée, plusieurs cartographies individuelles commencées. Je cherche et me rapproche d'une méthode. Gustave reprend le bleu marine, cela lui va mieux.
Le doré et les icônes autour, devoir sacré de mémoire. ( R. Anthelme??) 


6 décembre 2012

Lignes de forces


Arrivée à la fin du petit déjeuner.

M-N, responsable animation de la gériatrie, m'a prêtée de grandes images imprimées sur plastique : reproduction de tableau, photos de sculptures, pour l'essentiel du XXe siècle.
Premier tri instinctif qui m'amène à en sortir quelques unes du lot, possibles échos ou métaphores de ce qui se joue pour les malades que je côtoie :
le vide, l'attente : hooper, etc
l'esprit sombre, Monet
ou souffrant, torturé : Munch ( la prise de tête). 
Et le corps.
Ernest  Pignon-Ernest
J'en sélectionne une vingtaine d'autres, et armée de celles ci, de papier et de couleurs, je pars à la salle à manger.
Les grandes images sur plastiques sont idéales : grandes, souples, indéchirables, lavables... J'en distribue aux différentes tablées.
La plupart sont curieux et semblent contents qu'on leur propose quelque chose à faire. Mais la majorité se lasse vite, et les repousse. Seuls quelques-uns les regarderont ou manipuleront avec attention : Mme Desmarais, Irène, Mr Eko lorsqu'il sera éveillé, et Jacques avec un nouveau camarade...
A ma table, Mme Desmarais me reconnaît tout de suite, et me demande si je me souviens l'avoir dessiné.

Mr Hart me tourne autour, intrigué par les crayons colorés, plus que par les images. Il me demande ce qu'il peut faire. Je lui propose de s'asseoir avec moi, et lui tend papier et crayon. Il se saisit vite du orange (encore), cette fois presque sans difficulté de préhension, et trace des lignes, verticales, fines et légèrement tortueuses. Je lui parle des arbres et de l'automne. Il continue... en râlant qu'il ne voit rien , que cela ne le mène nulle part, qu'il ne sait pas où il va. C'est vrai qu'il ne voit que très mal, mais il continue. Avec du orange puis avec un vert kaki, pour tracer des horizontale cette fois...

                               


L'unité est envahie de décorations de Noël, guirlandes dans les couloirs, et suspension lumineuses en salle à manger.. Je les dessine avec l'envie de saisir toutes ces lignes comme des chemins possibles.
Lignes de force, lignes de vie, lignes de garde.

Mme Desmarais imite Mr Hart, prend feuille et crayons, et écrit non stop pendant plus d'une heure. Recto verso, son histoire, un début d'autobiographie.

G, une des étudiantes infirmières, propose à Mme Missat de se joindre à la table de dessin. 
Mme Missat, est en fauteuil toute la journée, et souvent avec Miguel C. Et m'a semblée « ailleurs ».
J'avoue ne pas m'être rapprochée d'elle , ni m'y être intéressée jusqu'à présent. Je me suis d'avantage concentrée sur ceux avec qui la communication semble aisée..
Apprivoisement ai-je dit plus haut, acclimatation..
De sa main gauche (alors que son dossier l'indique droitière) Mme Missat se saisit du crayon proposé, et commence d'elle même à dessiner.
(Les filles, les a.s. m'expliquent qu'elle comprend tout même si elle ne bouge presque plus.)
Elle dessine pendant une trentaine de minutes avec concentration, sans pause. Redressée, appliquée, scrutant tour à tour sa feuille, et – me semble-t-il le visage de G. Magie de ces petites lignes fines, qui donnent corps à une forme.
Malheureusement le déjeuner nous interrompt, Mme Desmarais pose son crayon à regret, tandis que le plus doucement du monde, j'enlève celui des mains de Mme Missat, en lui expliquant que nous reprendrons demain.

Avec F, médecin, nous discutons des groupes pour la semaine prochaine, nous sommes toutes deux d'accord pour proposer dans un premier temps le dessin au plus grand nombre. Et de constituer des groupes en respectant les affinités remarquées en salle à manger.

ponctuation










        Inévitable. Vieille comme le monde.

quotidien






3 décembre 2012

Lundi matin


On va pas foutre la crèche sur le sable, on n'est pas dans le sahara“ dit C, aide soignante.

Mme Serton et Mr Est déambulent ensemble toute la matinée.
Moi, je ne cherche rien » me dit-elle, “on va aller s'asseoir, et puis c'est tout.“ “Je ne vais pas gambader toute la journée !“

Je commence à travailler dans les couloirs. Je suis les allées et venues de chacun ou presque, armée d'un lot de crayons de couleurs. 1 pour chaque patient repéré ce matin, et bleu ciel pour tous les soignants. Superposition de lignes au milieu desquelles le rose et le vert foncé se distinguent en force ( rose pr Mme Serton, Vert foncé pour Mr Est – ils ne se quittent plus ces deux là.)
Entre la poursuite, et le géomètre.

S'il vous plaît, s'il vous plaît “clame Mr Hart du fauteuil où il a pris position vers 11h. “Je veux descendre“, “je vais me débiner“ chuchote-il. N, aide soignante, l'emmène faire un petit tour dans le bâtiment. Il en revient paisible.





Mme Roc s'enveloppe les pieds de papiers et “bricole “ ses chaussons. Elle retourne le gauche et l'ouvre avec force, comme une mâchoire . Elle en extrait un long fil et se met à le recoudre.







Mme Serton cherche encore sa chambre “23, 23, 24“.
Plus tard, elle est réveillée en sursaut par la chute de mr C, Miguel. Ébouriffée, nu pieds, dans une chambre qui n'est pas la sienne.

11h40 : préparation des grandes serviettes bleues. Distribution de jus de fruit. Ils se régalent. L'heure du déjeuner approche ; on plie les serviettes, qui seront distribuées, ou nouées au cou quand tout le monde est à table.

14 heures, la frousse causée par Mme Roc “Toi, tu as failli mourir de peur, moi de rire. J'ai failli calancher“. Elle m'a bien eu, et partage son allégresse avec ses voisines.


Et l'excellente nouvelle : subvention complémentaire accordée, me voilà ici pour 5 mois.


A retenir pour la suite :
- le calque, la superposition des parcours, le travail au pinceau, ou la précision du feutre ?
- Les parcours, cartographies, en séquence temporelles (timing) : 1heure, 15mn, etc / Le temps du déjeuner, la sieste, la matinée,etc. A préparer en amont.
- se fixer une couleur/ patient. +1 seule pour toute l'équipe.


30 novembre 2012

Rose et les muriers

Musique ininterrompue. Radio Nostalgie.  Elle se répand dans tout le couloir de la chambre vide de mr Hart. Ou glisse de la petite radio à l'oreille de Mr Z, lorsque allongé en position foetale, il ne bouge plus de son lit.
Et quand il n'est pas là, personne ne pense à l'éteindre.

Jean D me dit qu'il n'a plus l'âge de dessiner.

Longue conversation avec Mme Desmarais ( cf fichier son). “Ah c'est vous la dessinatrice !“
Rose Marie Joséphine qui me sourit de son fauteuil. La guerre, Hiroshima, les muriers...
Je dessine son portrait à sa demande. Tout le monde s'est passé le mot, ou a répéré mon manège. Tous (médecin compris) veulent leur portrait.


H comme homme - D comme distance


A retenir pour la suite
travail sur le motif, papier peint, etc – le cadrage – l'onirique- la géométrie, les lignes- le plan incendie – la sortie – les rappels les échos.

29 novembre 2012

-

Miguel, mr C, qui bêle en crescendo. Du murmure au hurlement. Variations fantomatiques.
Déchirement de l'humain dans ses profondeurs.
Entrailles à vif
et parfois il caresse longuement la table ou la main de sa voisine.

Heure du repas,  fourmillement d'activités, une vraie ruche.
La suite de l'après midi est calme.
On n'entend plus que Miguel au loin.

Mme Serton, ma voisine (chambre face à l'atelier) hésite dans les couloirs. Elle ne cherche plus le médecin comme hier.

Beau moment avec mr Ey assis côte à côte. Il se réveille et me parle de “la beauté de l'expression artistique“.
Lui si figé habituellement , si endormi, si méditatif.
Il me demande une tête avec des épaules, un portrait. Le sien ? Oui.
“Le désir vient de voir l'autre faire“...

( Une aide soignante me raconte qu'il a été journaliste. En déposant un dessin dans sa chambre plus tard, je trouve Courrier International sur sa table de chevet.)



28 novembre 2012

Trop plein

Comme une langue, un lieu étranger, et non au milieu de personnes diminuées. Apprivoisement mutuel.

Il s'agit d'aller au delà, de la complexité du rapport humain, absurde mais attachant ; du sentiment d'étouffement sonore ( et de la chaleur qu'il fait!).
Aller plus loin grâce à la continuité,
au pays des ritournelles.

Beaucoup de bruit, voix sans finir, verres qui s'entrechoquent, télévision en sourdine ou à fond, éclats, et murmures.

Mr Marco D, en sweat bleu, me parle dans un murmure digne de Don Quichotte. Il parle italien me dira le médecin.
Mr Ey qui dort, mains croisées, si paisible.

Vous êtes jeune, ça se voit“ dit Mr Jean D à un nouvel arrivant, Mr Es. “J'étais jeune“ lui répond ce dernier.


Qu'on excuse ces lignes de profane. Loin d'exprimer distance ou condescendance.
Le trop plein et la perdition d'abord, la construction viendra après.

27 novembre 2012

Couleurs chaudes

F, infirmier, me trouve un tablier bordeaux qui sera ma tenue-repère pour les patients.

Dans la salle à manger, grande table , dessin au milieu des patients. Portraits d'une petite dame et de Lilas
Je donne à mes voisins papiers et crayons qu'ils prennent plus ou moins en main. Je prends conscience de la difficulté de mon aventure, bien qu'il me semble qu'en travaillant leur confiance, le dessin viendra.
Irène nettoie minutieusement sa feuille avec une serviette, et Gustave (Mr Hart) prêt à faire de même, plie sa serviette en origami. Puis, il se demande ce qu'il peut bien faire de ces pastels, je lui propose une tache de orange, on parle de soleil couchant , il en a “admiré beaucoup“, main dans la main, les couleurs sont posées, et l'arrondi esquissé.



vue de la salle à manger par la fenêtre de l'atelier

26 novembre 2012

Premier jour à Paul Brousse


Unité Victor Hugo
Arrivée
Réunion et présentation à l'équipe soignante. La plupart de ses membres sont déjà au courant  de ma venue, mais ce temps me permet de les rencontrer et de leur expliquer avec mes mots le travail prévu, d'échanger, autour des objectif et des réalités.
Premier temps avec les patients. Dessin à la salle à manger.


25 novembre 2012

Projet / partenaires





Résidence en Arts visuels
à l’Unité fonctionnelle : Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie-psychiatrie de l’Hôpital Paul Brousse



"Ma mère m'a donné deux prénoms" -Territoires comptés et pas perdus -






"Au sein de l'Unité Alzheimer, le territoire de l'hôpital se modifie. Les portes sont fermées, le lieu est clos. Nous ne sommes plus ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Au fil des couloirs, des malades déambulant questionnent d'un regard à la fois transparent et intense. Glissement soudain et percutant. Silences pleins, images de ces individualités tout juste palpables... Un appel d'air comme un contour auréolé de vide résonne; leurs corps pesants, leurs "ailleurs" appellent l'écoute et la perméabilité. Le dialogue. Quelque chose de l'ordre de l'enfance et du désir, du conte, me poursuit, sans que je puisse le nommer encore."
Maïa Jancovici 




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Note d’intention de l’artiste
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C’est en poursuivant sa recherche sur les lieux et situations où la question de l’enfermement se pose, que Maïa Jancovici a entrepris de se tourner vers les unités fermées de soins Alzheimer en milieu hospitalier.
Elle entre ainsi, à l’automne 2011, en contact avec le Docteur Trivalle, de l’hôpital Paul Brousse, responsable de l’Unité fonctionnelle: Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie – psychiatrie. Ces premières visites confirment sa décision de réaliser un travail auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzhei- mer hospitalisées en moyen séjour (Soins de Suite et Réadaptation).
Le lien, avec sa pratique et ses précédentes expériences de création dans des milieux spécifiques, se fait de lui–même dans ce contexte où l’usage de l’espace est d’emblée décalé et bascule dans l’étrangeté.

“La maladie transforme considérablement le rapport à l’espace et à ses usages, au corps, et à l’intégrité. Elle enferme le patient hors du lien social, hors de lui-même et de sa propre mémoire, et l’exclut du rapport au monde. L’enfermement protège, prend soin, mais proscrit, contraint. L’environnement est minimal, la ri- tournelle omniprésente, et l’errance extravertie. Au fil des trajets répétés, des trajectoires entrecroisées, des chemins se dessinent et des désirs s'amorcent dans une temporalité proche de l’infini.“
Notes de travail, Maïa Jancovici

La physicalité du propos et la force du contexte sont ici primordiales, et constituent pour l’artiste un retour à un certain nombre de questions qui se sont échelonnées tout au long de son travail.
C’est donc dans une logique de continuité que Maïa Jancovici souhaite inscrire son travail au sein de ce ser - vice hospitalier. Conceptuellement d'abord puisque c'est une fois de plus le rapport à l'espace, dans sa sin - gularité qu'elle souhaite souligner. Et, par la démarche ensuite, puisqu’à partir d’un principe assez similaire à celui d’une de ses dernières séries, “Habitants”; son travail consistera ici à questionner et à collecter les re- lations entretenues par les patients à leur lieu de vie, avant de les retransmettre par une série d’images. A contrario de certaines de ses pièces (ses installations notamment), il ne s’agira donc pas de construire, ni d’inventer un territoire mais de représenter ceux des autres.

L’enjeu est double : créer une œuvre qui soit juste et justifiée quant au lieu et à sa complexité humaine. Apporter par le travail de création, une ouverture, et une respiration aux patients. 

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Déroulement de l’action
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Situé à Villejuif (94), l'hôpital Paul-Brousse assure une prise en charge des pathologies hépato-biliaires (1er centre national de transplantation hépatique) et des maladies liées au grand âge (gériatrie aigüe, soins de suite et de réadaptation, soins de longue durée). Il propose également une offre de soins spécialisée en addictologie, en psychiatrie ainsi qu'en hématologie clinique et en oncologie médicale.

Les conditions de présence et de travail, présentées ci-après, sont définies en accord avec les responsables hospitaliers référents : le Docteur Trivalle, responsable de secteur, Madame Lefort, cadre de santé de l’Unité Victor Hugo et Madame Hardy, responsable animation. Les modalités précises de résidence sont établies par une convention passée entre l’association ECRI – qui porte l'ensemble du projet de résidence de l'artiste Maïa Jancovici - et l’hôpital Paul Brousse.

La résidence est prévue de décembre 2012 à avril 2013 ( 5mois).
Une présence hebdomadaire régulière, d'au moins trois jours par semaine, est organisée afin de mettre en place un travail en atelier qui soit au plus proche des patients, et de permettre à l'artiste d'élaborer une œuvre en écho avec le contexte.


Il est prévu par les responsables hospitaliers référents de mettre une salle à la disposition de l'artiste pendant la période de résidence (l'actuel salon des familles, rarement utilisé).  Deux après midi par semaine, l'atelier sera ouvert aux patients, et aux soignants, pour des séances de dessin en petit groupe ou en individuel 
L'atelier associera ainsi un espace de travail dédié à l'artiste aux côtés d'un espace ouvert lors des séances communes : une grande table où les patients pourront se poser, regarder, et participer au travail plastique en cours.

Le travail avec les patients se fera en deux temps : II commencera de façon très libre, sans autre objectif que la découverte du geste, et des matières, dans le plaisir. La proposition évoluera ensuite vers un travail de collage et de dessin autour des questions de la représentation du corps dans l’espace.
L’artiste travaillera quant à elle, deux projets successifs :
- Une série de dessins envisageant une cartographie des lieux, en écho aux déplacements et questionne- ments divers et croisés, intimes et répétés, qui ponctuent les journées.
- Un travail conjoint de textes et de dessins, dont la forme finale – film d’animation ou livre – est encore à l’étude.




L'unité Victor Hugo compte 27 lits, lieu de moyen séjour. Si, tous les résidents ne participeront pas à l'atelier, une grande majorité d’entre eux sera sensibilisée à la présence et le travail de l'artiste en leurs murs. Le docteur Trivalle, responsable du secteur évalue ainsi entre 20 et 40 le nombre de patients qui, en 6 mois, se- ront concernés par cette action.
Il s'agit d'introduire dans le quotidien des résidents une stimulation, source de plaisir, d’occupation et de questionnement. De les soustraire par instants à la monotonie et à l'anxiété, par l'activité créatrice et l'échange.

Le travail de dessin en atelier, associé aux accrochages mensuels dans les espaces collectifs, constituera progressivement un territoire commun et disponible, source de réminiscences possibles.




RESTITUTIONS

- Un accrochage régulier (bimensuel) aura lieu, en interne, au sein de l'unité, dans un espace collectif défini au préalable (les couloirs ou la salle à manger.) Pour que tous, patients, personnel et familles, profitent des avancées du travail.
-La résidence se conclura par deux expositions : l'une présentant le travail en atelier des patients, l'autre les œuvres réalisées par l'artiste en résidence. Celles ci resteront ensuite exposées à l'hôpital pour une durée de un an.
-La publication d'une édition qui témoignera de l'ensemble du projet.Elle 
sera transmise par l’hôpital et l'artiste aux résidents, aux familles, et diffusée auprès des différents partenaires. Il sera outil et œuvre de mémoire pour chacun. 




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Maïa Jancovici, artiste plasticienne 
http://www.maiajancovici.org/

. Margaux Brun, chargée de projet artistique
Elle a exercé plusieurs activités depuis 2007 : médiatrice culturelle, assistante commissariat d’exposition, chargée de l’action culturelle et éducative au sein de musées (Fondation Cartier pour l’art contemporain, Centre Pompidou), centres d’art (Maison d’art contemporain Chailiioux), lors d’évènements (Monumenta 2008 au Grand Palais, SLICK). D’autre part, elle s’est attachée à développer un certain nombre d’actions auprès de publics empêchés (Maison d’Arrêt de Fresnes).
Margaux Brun se chargera, en accord avec la Direction de l'Hôpital Paul Brousse et l’Unité fonctionnelle : Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie-psychiatrie, du montage du projet (dossier de présentation, montage financier, recherche de subventions, relation avec les partenaires financiers) de sa communication et de sa restitution (exposition, vernissage, presse, publication). Habite à Nantes.


. Association ECRI - Expression, Création, Ressourcement Individuel -
Elle a débuté ses activités en 1993 avec des ateliers d'écriture et de développement personnel. A cela se sont adjoints des séances d'art-thérapie créative ainsi que des ateliers d'arts plastiques en groupe, et des activités d'enseignement privé. Ces différentes activités ou interventions ont été menées au cours des années, à petite échelle, auprès de différents publics ou structures d'accueil ( CATTP, Accueil/DDASS, Hôpital, Institut de Formation, Etablissements Pénitentiaires). Après plus de 18 ans d'existence, les buts définis à l'origine d'ECRI se poursuivent et ont toujours été maintenus et développés, avec la présence continue de la fondatrice, et actuelle présidente, Christine Koechlin.



. Hôpital Paul Brousse

 Hélène Jacques, Directrice 
 Marie-Noël Hardy, responsable animation du pôle gériatrie 
ET
Interlocuteurs principaux au sein de l'équipe médicale de l'Unité fonctionnelle : Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie-psychiatrie – Unité V.Hugo :
. Docteur Christophe Trivalle, responsable de secteur 
. Isabelle Lefort, cadre de sante de l’Unité Victor Hugo 



Les partenaires
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