30 novembre 2012

Rose et les muriers

Musique ininterrompue. Radio Nostalgie.  Elle se répand dans tout le couloir de la chambre vide de mr Hart. Ou glisse de la petite radio à l'oreille de Mr Z, lorsque allongé en position foetale, il ne bouge plus de son lit.
Et quand il n'est pas là, personne ne pense à l'éteindre.

Jean D me dit qu'il n'a plus l'âge de dessiner.

Longue conversation avec Mme Desmarais ( cf fichier son). “Ah c'est vous la dessinatrice !“
Rose Marie Joséphine qui me sourit de son fauteuil. La guerre, Hiroshima, les muriers...
Je dessine son portrait à sa demande. Tout le monde s'est passé le mot, ou a répéré mon manège. Tous (médecin compris) veulent leur portrait.


H comme homme - D comme distance


A retenir pour la suite
travail sur le motif, papier peint, etc – le cadrage – l'onirique- la géométrie, les lignes- le plan incendie – la sortie – les rappels les échos.

29 novembre 2012

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Miguel, mr C, qui bêle en crescendo. Du murmure au hurlement. Variations fantomatiques.
Déchirement de l'humain dans ses profondeurs.
Entrailles à vif
et parfois il caresse longuement la table ou la main de sa voisine.

Heure du repas,  fourmillement d'activités, une vraie ruche.
La suite de l'après midi est calme.
On n'entend plus que Miguel au loin.

Mme Serton, ma voisine (chambre face à l'atelier) hésite dans les couloirs. Elle ne cherche plus le médecin comme hier.

Beau moment avec mr Ey assis côte à côte. Il se réveille et me parle de “la beauté de l'expression artistique“.
Lui si figé habituellement , si endormi, si méditatif.
Il me demande une tête avec des épaules, un portrait. Le sien ? Oui.
“Le désir vient de voir l'autre faire“...

( Une aide soignante me raconte qu'il a été journaliste. En déposant un dessin dans sa chambre plus tard, je trouve Courrier International sur sa table de chevet.)



28 novembre 2012

Trop plein

Comme une langue, un lieu étranger, et non au milieu de personnes diminuées. Apprivoisement mutuel.

Il s'agit d'aller au delà, de la complexité du rapport humain, absurde mais attachant ; du sentiment d'étouffement sonore ( et de la chaleur qu'il fait!).
Aller plus loin grâce à la continuité,
au pays des ritournelles.

Beaucoup de bruit, voix sans finir, verres qui s'entrechoquent, télévision en sourdine ou à fond, éclats, et murmures.

Mr Marco D, en sweat bleu, me parle dans un murmure digne de Don Quichotte. Il parle italien me dira le médecin.
Mr Ey qui dort, mains croisées, si paisible.

Vous êtes jeune, ça se voit“ dit Mr Jean D à un nouvel arrivant, Mr Es. “J'étais jeune“ lui répond ce dernier.


Qu'on excuse ces lignes de profane. Loin d'exprimer distance ou condescendance.
Le trop plein et la perdition d'abord, la construction viendra après.

27 novembre 2012

Couleurs chaudes

F, infirmier, me trouve un tablier bordeaux qui sera ma tenue-repère pour les patients.

Dans la salle à manger, grande table , dessin au milieu des patients. Portraits d'une petite dame et de Lilas
Je donne à mes voisins papiers et crayons qu'ils prennent plus ou moins en main. Je prends conscience de la difficulté de mon aventure, bien qu'il me semble qu'en travaillant leur confiance, le dessin viendra.
Irène nettoie minutieusement sa feuille avec une serviette, et Gustave (Mr Hart) prêt à faire de même, plie sa serviette en origami. Puis, il se demande ce qu'il peut bien faire de ces pastels, je lui propose une tache de orange, on parle de soleil couchant , il en a “admiré beaucoup“, main dans la main, les couleurs sont posées, et l'arrondi esquissé.



vue de la salle à manger par la fenêtre de l'atelier

26 novembre 2012

Premier jour à Paul Brousse


Unité Victor Hugo
Arrivée
Réunion et présentation à l'équipe soignante. La plupart de ses membres sont déjà au courant  de ma venue, mais ce temps me permet de les rencontrer et de leur expliquer avec mes mots le travail prévu, d'échanger, autour des objectif et des réalités.
Premier temps avec les patients. Dessin à la salle à manger.


25 novembre 2012

Projet / partenaires





Résidence en Arts visuels
à l’Unité fonctionnelle : Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie-psychiatrie de l’Hôpital Paul Brousse



"Ma mère m'a donné deux prénoms" -Territoires comptés et pas perdus -






"Au sein de l'Unité Alzheimer, le territoire de l'hôpital se modifie. Les portes sont fermées, le lieu est clos. Nous ne sommes plus ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Au fil des couloirs, des malades déambulant questionnent d'un regard à la fois transparent et intense. Glissement soudain et percutant. Silences pleins, images de ces individualités tout juste palpables... Un appel d'air comme un contour auréolé de vide résonne; leurs corps pesants, leurs "ailleurs" appellent l'écoute et la perméabilité. Le dialogue. Quelque chose de l'ordre de l'enfance et du désir, du conte, me poursuit, sans que je puisse le nommer encore."
Maïa Jancovici 




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Note d’intention de l’artiste
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C’est en poursuivant sa recherche sur les lieux et situations où la question de l’enfermement se pose, que Maïa Jancovici a entrepris de se tourner vers les unités fermées de soins Alzheimer en milieu hospitalier.
Elle entre ainsi, à l’automne 2011, en contact avec le Docteur Trivalle, de l’hôpital Paul Brousse, responsable de l’Unité fonctionnelle: Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie – psychiatrie. Ces premières visites confirment sa décision de réaliser un travail auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzhei- mer hospitalisées en moyen séjour (Soins de Suite et Réadaptation).
Le lien, avec sa pratique et ses précédentes expériences de création dans des milieux spécifiques, se fait de lui–même dans ce contexte où l’usage de l’espace est d’emblée décalé et bascule dans l’étrangeté.

“La maladie transforme considérablement le rapport à l’espace et à ses usages, au corps, et à l’intégrité. Elle enferme le patient hors du lien social, hors de lui-même et de sa propre mémoire, et l’exclut du rapport au monde. L’enfermement protège, prend soin, mais proscrit, contraint. L’environnement est minimal, la ri- tournelle omniprésente, et l’errance extravertie. Au fil des trajets répétés, des trajectoires entrecroisées, des chemins se dessinent et des désirs s'amorcent dans une temporalité proche de l’infini.“
Notes de travail, Maïa Jancovici

La physicalité du propos et la force du contexte sont ici primordiales, et constituent pour l’artiste un retour à un certain nombre de questions qui se sont échelonnées tout au long de son travail.
C’est donc dans une logique de continuité que Maïa Jancovici souhaite inscrire son travail au sein de ce ser - vice hospitalier. Conceptuellement d'abord puisque c'est une fois de plus le rapport à l'espace, dans sa sin - gularité qu'elle souhaite souligner. Et, par la démarche ensuite, puisqu’à partir d’un principe assez similaire à celui d’une de ses dernières séries, “Habitants”; son travail consistera ici à questionner et à collecter les re- lations entretenues par les patients à leur lieu de vie, avant de les retransmettre par une série d’images. A contrario de certaines de ses pièces (ses installations notamment), il ne s’agira donc pas de construire, ni d’inventer un territoire mais de représenter ceux des autres.

L’enjeu est double : créer une œuvre qui soit juste et justifiée quant au lieu et à sa complexité humaine. Apporter par le travail de création, une ouverture, et une respiration aux patients. 

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Déroulement de l’action
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Situé à Villejuif (94), l'hôpital Paul-Brousse assure une prise en charge des pathologies hépato-biliaires (1er centre national de transplantation hépatique) et des maladies liées au grand âge (gériatrie aigüe, soins de suite et de réadaptation, soins de longue durée). Il propose également une offre de soins spécialisée en addictologie, en psychiatrie ainsi qu'en hématologie clinique et en oncologie médicale.

Les conditions de présence et de travail, présentées ci-après, sont définies en accord avec les responsables hospitaliers référents : le Docteur Trivalle, responsable de secteur, Madame Lefort, cadre de santé de l’Unité Victor Hugo et Madame Hardy, responsable animation. Les modalités précises de résidence sont établies par une convention passée entre l’association ECRI – qui porte l'ensemble du projet de résidence de l'artiste Maïa Jancovici - et l’hôpital Paul Brousse.

La résidence est prévue de décembre 2012 à avril 2013 ( 5mois).
Une présence hebdomadaire régulière, d'au moins trois jours par semaine, est organisée afin de mettre en place un travail en atelier qui soit au plus proche des patients, et de permettre à l'artiste d'élaborer une œuvre en écho avec le contexte.


Il est prévu par les responsables hospitaliers référents de mettre une salle à la disposition de l'artiste pendant la période de résidence (l'actuel salon des familles, rarement utilisé).  Deux après midi par semaine, l'atelier sera ouvert aux patients, et aux soignants, pour des séances de dessin en petit groupe ou en individuel 
L'atelier associera ainsi un espace de travail dédié à l'artiste aux côtés d'un espace ouvert lors des séances communes : une grande table où les patients pourront se poser, regarder, et participer au travail plastique en cours.

Le travail avec les patients se fera en deux temps : II commencera de façon très libre, sans autre objectif que la découverte du geste, et des matières, dans le plaisir. La proposition évoluera ensuite vers un travail de collage et de dessin autour des questions de la représentation du corps dans l’espace.
L’artiste travaillera quant à elle, deux projets successifs :
- Une série de dessins envisageant une cartographie des lieux, en écho aux déplacements et questionne- ments divers et croisés, intimes et répétés, qui ponctuent les journées.
- Un travail conjoint de textes et de dessins, dont la forme finale – film d’animation ou livre – est encore à l’étude.




L'unité Victor Hugo compte 27 lits, lieu de moyen séjour. Si, tous les résidents ne participeront pas à l'atelier, une grande majorité d’entre eux sera sensibilisée à la présence et le travail de l'artiste en leurs murs. Le docteur Trivalle, responsable du secteur évalue ainsi entre 20 et 40 le nombre de patients qui, en 6 mois, se- ront concernés par cette action.
Il s'agit d'introduire dans le quotidien des résidents une stimulation, source de plaisir, d’occupation et de questionnement. De les soustraire par instants à la monotonie et à l'anxiété, par l'activité créatrice et l'échange.

Le travail de dessin en atelier, associé aux accrochages mensuels dans les espaces collectifs, constituera progressivement un territoire commun et disponible, source de réminiscences possibles.




RESTITUTIONS

- Un accrochage régulier (bimensuel) aura lieu, en interne, au sein de l'unité, dans un espace collectif défini au préalable (les couloirs ou la salle à manger.) Pour que tous, patients, personnel et familles, profitent des avancées du travail.
-La résidence se conclura par deux expositions : l'une présentant le travail en atelier des patients, l'autre les œuvres réalisées par l'artiste en résidence. Celles ci resteront ensuite exposées à l'hôpital pour une durée de un an.
-La publication d'une édition qui témoignera de l'ensemble du projet.Elle 
sera transmise par l’hôpital et l'artiste aux résidents, aux familles, et diffusée auprès des différents partenaires. Il sera outil et œuvre de mémoire pour chacun. 




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Maïa Jancovici, artiste plasticienne 
http://www.maiajancovici.org/

. Margaux Brun, chargée de projet artistique
Elle a exercé plusieurs activités depuis 2007 : médiatrice culturelle, assistante commissariat d’exposition, chargée de l’action culturelle et éducative au sein de musées (Fondation Cartier pour l’art contemporain, Centre Pompidou), centres d’art (Maison d’art contemporain Chailiioux), lors d’évènements (Monumenta 2008 au Grand Palais, SLICK). D’autre part, elle s’est attachée à développer un certain nombre d’actions auprès de publics empêchés (Maison d’Arrêt de Fresnes).
Margaux Brun se chargera, en accord avec la Direction de l'Hôpital Paul Brousse et l’Unité fonctionnelle : Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie-psychiatrie, du montage du projet (dossier de présentation, montage financier, recherche de subventions, relation avec les partenaires financiers) de sa communication et de sa restitution (exposition, vernissage, presse, publication). Habite à Nantes.


. Association ECRI - Expression, Création, Ressourcement Individuel -
Elle a débuté ses activités en 1993 avec des ateliers d'écriture et de développement personnel. A cela se sont adjoints des séances d'art-thérapie créative ainsi que des ateliers d'arts plastiques en groupe, et des activités d'enseignement privé. Ces différentes activités ou interventions ont été menées au cours des années, à petite échelle, auprès de différents publics ou structures d'accueil ( CATTP, Accueil/DDASS, Hôpital, Institut de Formation, Etablissements Pénitentiaires). Après plus de 18 ans d'existence, les buts définis à l'origine d'ECRI se poursuivent et ont toujours été maintenus et développés, avec la présence continue de la fondatrice, et actuelle présidente, Christine Koechlin.



. Hôpital Paul Brousse

 Hélène Jacques, Directrice 
 Marie-Noël Hardy, responsable animation du pôle gériatrie 
ET
Interlocuteurs principaux au sein de l'équipe médicale de l'Unité fonctionnelle : Soins de suite à orientation Alzheimer et gérontologie-psychiatrie – Unité V.Hugo :
. Docteur Christophe Trivalle, responsable de secteur 
. Isabelle Lefort, cadre de sante de l’Unité Victor Hugo 



Les partenaires
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