14 mars 2013

Des larmes aux rires


Séance d'atelier. Avec Tina, nouvellement arrivée. Recommandée par les médecins qui ont trouvé des “livres de coloriage“(?) dans son sac. Son apparence effacée et inquiète disparaît aussitôt que je lui propose de venir dessiner. Elle me suit, souriante. Elle semble étonnamment plus jeune et valide que les autres résidents. Mais j'ai appris à me méfier du change que les patients savent donner les premiers jours.
Dès l'entrée dans l'atelier, elle fait preuve d'une totale autonomie et d'une technique certaine dans l'usage des différents matériaux qu'elle utilise (pastels, crayons de couleurs et crayons aquarellables.) A la fois concentrée et présente à l'environnement (aux blagues de Maguie notamment), elle fait avec calme et bonheur trois dessins successifs d'après Redon.
Irène est là. Très énervée. Elle colle son portrait avec moi mais refuse ensuite de peindre. A force de patience, son flot de paroles et de reproches fera finalement place au calme et au sommeil.

La journée est difficile. Ponctuée par la constatation du dépérissement prononcé d'un certains nombre d'entre eux. De Lilas, maintenant alitée de faiblesse, et qui va probablement bientôt nous quitter, à Maguie, monsieur Hima, et les autres.
La visite enjouée de Jackie Serton apporte un peu de joie. Elle entre en m'appelant par mon prénom, je la félicite, elle est la toute première à s'en souvenir (de tous les patients après plus de trois mois passés ici). Nous nous en réjouissons à si grand bruit, que cadre, aide-soignants et médecin se précipitent, croyant à une catastrophe.
Plus tard, milieu de discussion :
JS- “je n'ai plus 18 ans , moi !“
MJ- Moi non plus !
JS toute heureuse – Bah je te sers la main ! Ça nous fait au moins un point commun !!!“
Fou-rire salvateur et mérité.


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