4 février 2013

Relations aux patients et relation à l'écriture.



Quelques lecteurs se sont étonnés que le blog parle des patients au delà-même des temps de créations en ateliers, et du rapport entre la maladie et la pratique artistique.
Je ne peux pas parler uniquement de dessin. Les ateliers avec les patients, mon travail de dessin personnel, et par là même ce journal, se nourrissent du temps que je passe à leurs côtés. De nos échanges, des relations que je tisse avec eux au jour le jour.
Ces relations progressent. Assez vite finalement. Même si ce n'est jamais gagné. Chaque jour, je sais mieux comment regagner le sourire de Lilas, la confiance d'Irène, l'attention de mr Eko, l'amitié de Sonia, la paix de Maguie, et le bonjour des autres. La recette est simple, mais tout est question d'attention à l'instant présent. La main sur l'épaule, le sourire, l'échange quotidien, la touche d'humour, ne sont parfois pas du tout adaptés au moment précis. Il faut savoir respecter, contourner la saute d'humeur, la conscience lourde, l'angoisse. Pour mieux revenir. De mes attentions et de mon investissement dans la relation dépend leur présence à l'atelier, leur envie de dessiner, la confiance qu'ils ont en moi, et le lâcher prise dans la couleur. Sans oublier bien entendu, le bien être qu'ils en retirent, et le travail (le mien, et le nôtre) qui avance.
Je passe donc beaucoup de temps avec eux. Individuellement ou en groupe. Dans les couloirs, la salle à manger, l'atelier. Le matin après leur petit déjeuner, le midi en m'installant parfois avec eux, l'après midi...  Je prends le temps chaque matin de les saluer un à un ou presque ; et le soir, manteau sur le dos, de leur souhaiter une bonne soirée, et de leur dire à demain. Je ponctue mon travail de ces temps de présence, et d'échange. Qui nous font avancer. Dans ce chemin que je nous construis quelque part, avec eux ; et parfois quelque peu à leur insu.
Je passe également beaucoup de temps à les regarder, les écouter, pour comprendre qui ils sont, ce qu'ils vivent et comment ils le vivent. Chacun. Et je note, je croque, je photographie. Je passe des matinées dans les couloirs,à suivre, à poursuivre *1 l'un ou et l'autre. Crayons de couleurs à la main, je trace sur mon plan, les déambulations du moment, les allées venues, les kilomètres parcourus. Pour mieux les redessiner ensuite.
Nombreux sont donc pour l'instant les articles de ce journal, qui relatent par bribes ces relations, et observations. Ma visée n'est pas scientifique, ni systématique, ni sociologique. L'individu prime sur le groupe, dans ce travail pour l'instant. L'humain sur la maladie. La sensation et l'expression sur une véritable conceptualisation. Un travail de réflexion est en cours, et s'écrit avec un nécessaire recul. Certains articles ou du moins leur ébauches seront bientôt publiés sur ce blog. Ainsi que la série de portraits dessinés et écrits sur lesquels je travaille actuellement.

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